Éditions Corti

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Entailles

Pierre Chappuis | Poésie | Domaine français, 2014

Montagnes & eaux (compacité et fluidité, union du stable et de l’instable) en chinois pour dire, concrètement, paysage. Nécessairement liées au lieu précis où elles apparaissent et, accidentellement, se révèlent à nous, les montagnes, les eaux n’en épousent pas les limites. Eprouvées dans leur présence élémentaire, elles n’ont point à être situées, ne répondent point à l’appel d’un nom.

Autrement, dans la langue, les rejoindre. Leur part d’inconnu et d’imaginaire œuvre en nous comme notre propre substrat, étranger en même temps qu’intime (quoique soustrait à une relation de simple familiarité).

Effacement du lieu. Prévaut l’instant vécu au cœur des choses quand véritablement, en dépit du proverbe, une hirondelle fait le printemps. Au poème non plus, un territoire n’est pas assignable. (P. Ch)


“L’aspect lacunaire des poèmes de Pierre Chappuis, avec leurs phrases incomplètes souvent interrompues par des blancs spectaculaires, ne doit pas être interprété comme le signe d’un manque ou d’une déficience, mais plutôt comme le ressort d’une paradoxale plénitude. Les marges de ces poèmes sont pleines de ce qu’elles ne disent pas mais donnent à entendre. Du paysage, ils suggèrent d’autant plus qu’ils décrivent moins, comme l’horizon laisse au rêve et au désir une marge inépuisable, dans la mesure où il dérobe toujours quelque chose au regard.”

Michel Collot, Paysage et poésie