Éditions Corti

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Une terrible vengeance

Mrs Riddel | Domaine Romantique (2005)
Traduit par Jacques Finné

On a pu dire de Mrs. Riddell qu’elle était “a born story-teller”. À juste tire elle possédait une technique narrative très personnelle qui l’apparenterait un peu à Alexandre Dumas, capable d’improviser un drame romantique en une soirée.

Après quelques essais infructueux auprès des éditeurs, dans les années soixante, Mrs Riddell passe pour une auteure avec qui il faut compter. En 1864, elle publie son roman le plus marquant : George Geith of Fen Court, un des très grands succès de librairie des années 60-70 ; en 1886, elle ose reconnaître son sexe. À partir de cette année, elle signera tous ses romans Mrs. J(oseph) H(adley) Riddell.

En 1867, elle devient (en partie) propriétaire et rédactrice en chef du Home Magazine et, surtout, du St Jame’s Magazine, une revue littéraire parmi les plus prestigieuse de l’époque.

Dans son chef-d’œuvre romanesque, La maison inhabitée, Mrs. Riddell égalait les plus grands auteurs fantastiques victoriens.

Ici sont rassemblés quatre récits (La porte ouverte, Walnut-Tree House, Nut Bush Farm et Une terrible vengeance) où Mrs Riddell montre à quel point roman policier et littérature fantastique forment un délicieux cocktail.


Mrs Riddell est née Charlotte Cowan, dans le comté d’Antrim, en Irlande, en 1832. Après la mort de son père, elle décide d’aller chercher fortune à Londres, avec sa mère. Elle y arrive en 1855, et parvient à faire publier son premier livre, Zuriel’s Grandchild, en 1856 (roman dont la première édition est devenue si rare que l’on n’est certain ni de sa date ni du pseudonyme employé, à moins que le n’ait, tout simplement, pas porté de nom d’auteur).

En 1856, Charlotte épouse Joseph Hadley Riddell, un bon à rien qu’elle sera obligée d’entretenir. Ce qu’elle fait, en publiant plus de quarante-cinq romans, et d’innombrables nouvelles.

M. Finné s’est borné à délimiter la part fantastique de son œuvre (cinq romans, une quinzaine de nouvelles), et de préciser: «Qui voudrait étudier ses romans réalistes devrait ronger son frein et se bourrer de pilules calmantes, les principales bibliothèques du Royaume-Unis ne possédant rien d’elle, et encore moins sur elle.»

À la mort de son mari, en 1880, Charlotte Riddell doit satisfaire les innombrables créanciers du défunt, qui la relancent nuit et jour. Elle doit donc écrire de plus en plus, au prix, paraît-il, d’un certain bâclage. À 50 ans, elle connaît une histoire d’amour avec un jeune homme qui n’a pas la moitié de son âge. Elle voyage avec lui, Forêt-Noire, Irlande, racontant leurs aventures dans le seul de ses textes qui soit publié sous son véritable nom de Charlotte Elizabeth Riddell. Les dernières années se passent loin de Londres, dans la misère et la maladie, anticipant l’oubli, à sa mort, en 1906. Ses livres, hormis une réapparition en Allemagne dans les années 30, s’effacent peu à peu. Son nom n’apparaît plus dans les encyclopédies littéraires.