Éditions Corti

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Les Femmes vampires

Anthologie | Domaine Romantique (2010)
Édition établie et traduite par Jacques Finné et Jean Marigny

La littérature et le cinéma ont souvent donné l’impression que le mythe du vampire était essentiellement masculin. De Lord Ruthven et du mort-vivant séducteur des romans d’Anne Rice en passant par l’immortel comte Dracula de Bram Stoker, la littérature, puis le cinéma nous ont présenté toute une galerie de héros – ou de anti-héros – d’outre-tombe particulièrement virils. Or, il ne faudrait pas oublier que les femmes vampires sont apparues dans l’imaginaire occidental bien avant Lord Ruthven et cela, dans un premier temps, par le biais de la poésie. La « Fiancée de Corinthe » dans le poème de Goethe, Geraldine dans « Christabel » de Coleridge, Oneiza dans Thalaba le destructeur de Robert Southey, « Lamia » et la « Belle dame sans merci » de Keats sont des femmes fatales dont le baiser est mortel, même si elles ne sucent pas toujours le sang de leurs victimes. C’est au cours des années 1820 que les vampires féminins à proprement parler vont faire leur apparition. L’un des deux premiers personnages de vampires féminins est sans doute, Brunehilde dans la nouvelle d’Ernst Raupach « Laisse dormir les morts » (1823) qui ouvre l’anthologie, suivie par quatre récits représentatifs des plus « belles » histoires de femmes vampires (A. Crawford, M.E. Braddon, F.M. Crawford, X.L.)

Un monde sépare en effet la femme fatale suceuse de sang des récits d’inspiration gothique du XIXe siècle et ces prédatrices modernes, ardemment féministes, qui luttent pour sauvegarder leur indépendance. Les nouvelles que nous avons choisies pour ce recueil sont des textes du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Mon collègue (et néanmoins ami) Jacques Finné les présente au fur et à mesure. Ce sont des classiques du genre, même si certaines d’entre elles sont peu connues du public français, voire inédites en France, comme « La Bonne Lady Ducayne » et « Un Mystère de la campagne romaine ». Elles donnent de la femme vampire une image très diversifiée, et nous espérons qu’elles sauront conquérir, sinon vampiriser, nos lecteurs.