Stéphane Bouquet | En lisant en écrivant (2018)
Dans un dîner, il y a toujours un moment où l’on parle météo et un autre où l’on parle politique et un autre où l’on parle cinéma et un autre où l’on parle sexe. En France, en tout cas – et sans doute ailleurs aussi.
« De quoi avons nous eu l’air / à cancaner hier / à la table du dîner ? » demandait par exemple, James Schuyler (poète US) avec lequel il devait être si agréable de converser. Ou peut-être pas. Mais ses poèmes sont d’une tendresse qui rend la compagnie de leur auteur infiniment désirable.
“La Cité de paroles” voudrait être un livre en compagnie. Comme les convives d’un dîner, il vagabonde d’un sujet à l’autre, avec pas mal de sauts dans le passé ou à l’étranger. Le livre parle politique (existe-il un poème démocratique ?) et météo (pourquoi Pasolini aimait-il la pluie ? ) et sexe (la prostitution ou l’homosexualité sont-elles des formes qui aident le poème à s’inventer ?) et etc.
Mais en basse continue circule la même idée obsédante : les poèmes ne sont pas des choses sacrées ou ésotériques. Au contraire, ils sont des moyens de la conversation et du partage et du laisser-aller. Ils doivent s’efforcer d’être aussi futiles qu’une après-midi passée à la plage. C’est-à-dire que soleil & mer & odeurs d’huiles hydratantes : quelque chose dans l’allant de l’expérience (poétique) est partagé entre inconnus.
(...) Il faudrait encore prendre le temps d’analyser comment la forme et l’écriture de ces essais, aux antipodes de tout académisme, consonnent, en leur verdeur de ton et leur vigueur énonciative, avec les livres proprement poétiques de Stéphane Bouquet et leur propension à se moquer des frontières entre les genres.
« Comment s’orienter en poésie ? » par Jean-Claude Pinson | Texte complet de l’article sur le site de Sitaudis.
« La Cité de paroles », de Stéphane Bouquet, serait-elle une anthologie poétique déguisée ? On serait tenté de dire : oui, mais une anthologie secouée, prolongée, commentée, traversée.
Claro | Le Monde des livres, vendredi 27 avril
(article complet ci contre).
Stéphane Bouquet : « Le cœur crucial de la poésie, c’est cette façon de faire tourner quelque chose entre nous, et non pas de faire avancer le langage sur lui-même »
Entretien | Diacritik (article complet) |
Stéphane Bouquet, écrivain, traducteur, né à Paris en 1966.
Il a publié des livres de poésie et un récit chez Champ Vallon ainsi que des traductions de poètes américains chez Corti et aux éditions Nous.
Il a animé avec Laurent Goumarre l’émission Studio danse sur France Culture et il a été critique littéraire à Libération et collaborateur auprès du Monde.
Pensionnaire à la villa Médicis en 2002 et 2003.
Il a par ailleurs écrit les textes de (et joué dans) “La Traversée”, long-métrage autobiographique, ainsi que les scénarios de divers films de Sébastien Lifshitz, de Valérie Mréjen, de Yann Dedet et de Robert Cantarella.
Il a été longtemps critique aux Cahiers du cinéma. Il a publié des études sur Gus Van Sant, sur Eisenstein et sur “L’Évangile selon saint Matthieu” de Pasolini (éd. Cahiers du cinéma).