Éditions Corti

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La Lampe allumée si souvent dans l’ombre

Ariane Dreyfus | En lisant en écrivant (2013)

Qui sommes-nous ? Quand j’ouvre la bouche, de qui est faite cette voix ? Si j’avais été la seule à parler ma langue, jamais je n’aurais écrit. Il n’y a pas que les baisers pour se mêler par la bouche, par la gorge, par toute la vie. « Et maintenant écoutez-moi bien. (c’est Pasternak qui fait ainsi parler Jivago). L’homme présent dans les autres, c’est cela justement qui est l’âme de l’homme. Voilà ce que vous êtes, voilà ce qu’a respiré, ce dont s’est nourrie, ce dont s’est abreuvée toute sa vie votre conscience ». Mourir est toujours possible, plusieurs fois par jour même.

Alors je prends un livre comme on rallume la lampe, et si l’ami que j’y trouve n’en est pas moins invisible, mon cœur au moins revient à lui, les mains bougent au devant des visages.

Créer ? Oui, en n’oubliant pas que la beauté commence quand deux peuvent la reconnaître. Ainsi ne peut-on pas savoir à l’avance comment la poésie sera, elle attend de voir où nous tombons, et comment on se relève.


Ariane Dreyfus

Si certains amis d’Ariane Dreyfus sont ceux de nombreux lecteurs : Colette, Nabokov, Dostoïevski, d'autres, poètes français contemporains pour la plupart, leur sont peut-être moins familiers : James Sacré, Valérie Rouzeau, Jacques Lèbre, Christophe Lamiot Enos, Jean-Louis Giovannoni, Nicolas Pesques, Éric Sautou, Stéphane Bouquet.

C’est ainsi qu’à travers ses préférences, se dessine une petite histoire singulière et sensible de la poésie française contemporaine, loin des sentiers battus.