Éditions Corti

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La barque le soir

Vesaas, Tarjei | Littérature Étrangère (2003)
traduit du néo-norvégien par Régis Boyer

Romancier, nouvelliste et poète norvégien, né le 20 août 1897 à Vinjem et mort le 15 mars 1970 à Oslo, Tarjei Vesaas, fils de paysan, hésita longtemps entre le métier de son père et l’écriture. Il écrit (en néo-norvégien (nynorsk), langue autrefois connue sous le nom de " langue rurale ") dès les années vingt mais n’atteindra une notoriété nationale et européenne qu’en 1934, avec Le Grand jeu; puis viennent les années de guerre, la peur et la violence (Le Germe, la Maison dans la nuit). Parmi les grands romans d’après-guerre, deux chefs-d’œuvre : Les Oiseaux et Le Palais de glace.


     

Dans l’œuvre de Tarjei Vesaas, La Barque le soir, publiée en 1968 et curieusement restée inédite en français est une œuvre fondamentale, crépusculaire. Appelée " roman " par son auteur, il s’agit plutôt d’amples réminiscence poétiques semi-autobiographiques. Il révise les thèmes qui ont accompagnés sa vie de créateur : l’effroi face à l’invisible, la condition spirituelle de l’homme, tandis qu’il brosse son propre portrait psychologique, de sa prise de conscience que l’homme est seul jusqu’à l’acceptation finale de la mort. Mais Vesaas n’est pas un auteur abstrait, fidèle à ses origines, il sait rendre présentes les choses les plus essentielles, les plus élémentaires : du pas d’un cheval dans la neige jusqu’aux variations infinies de la lumière.


     

Plus subjectif que ses autres livres, La Barque le soir illustre avec une rare densité les talents de Vesaas, sa capacité d’évoluer " du rêve au réel, en passant par le symbole et l’allégorie, sans qu’il soit jamais possible de séparer l’un de l’autre " (C.G. Bjurström)


     

J'ai voulu traduire ce texte passionnant de Tarjei Vesaas qui, pour des raisons étranges, n'avait jamais vu le jour en français bien que presque tout le reste de l'oeuvre ait été traduit - parce qu'il résume à la fois l'inspiration du grand Norvégien et, en un sens, celle de son pays. Dernière oeuvre de Vesaas, ce livre est à la fois une manière d'autobiographie pudique, faite d'allusions et de souvenirs vivifiés par une mémoire plus sentimentale que factuelle, un roman car les divers épisodes s'enchaînent de manière à constituer un tout cohérent où l'essentiel n'est jamais dit, et un poème de ce spécialiste qui a dit un jour, formule qui exprime l'essence même de son inspiration : "A qui parlons-nous lorsque nous nous taisons ?" La danse des grues, la première rencontre des amants, les merveilles de la nature lors de la fonte des neiges, les angoisses du petit garçon en face des difficultés de compréhension d'un père rude et d'une mère douce, voilà, entre bien d'autres, les échappées que propose à notre rêverie celui qui, sans conteste, compte parmi les deux ou trois grands écrivains de la Scandinavie actuelle. (Régis Boyer, Dédicace pour radio France.)