Éditions Corti

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Salomé

Bertrand MARCHAL | Les Essais (2005)

Cette femme qu’ils disent fatale : la plaisante formule qui sert de titre au livre somme de Mireille Dottin-Orsini sur les représentations littéraires de la femme fin-de-siècle fournit la plus juste introduction au mythe de Salomé et à ses innombrables variantes dans la deuxième moitié du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe.

Le propos de ce livre qui regroupe, après un court préambule baudelairien, trois vagabondages successifs dans les textes et les avant-textes de l’Hérodiade de Mallarmé, d’Hérodias de Flaubert et d’À rebours de Huysmans, sera tout autre ; il ne s’agira nullement de savoir si « L’Hérodiade de Mallarmé, comme la Salammbô de Flaubert, est une hystérique qui se liquéfie dans une indolence hiératique », ni de faire la part du masochisme chez Iaokanann-saint Jean, mais de montrer, à travers trois œuvres privilégiées, que celle que les Évangiles ne nomment même pas – elle est simplement la fille d’Hérodiade, qui dansa et plut à Hérode – n’est pas seulement, quel que soit son nom, l’avatar contemporain de l’éternelle femme fatale, ou de l’éternelle misogynie, révélatrice des angoisses de castration des poètes ou des romanciers ; qu’elle n’est pas seulement un symptôme historico-psychiatrique, mais aussi un enjeu proprement littéraire ou esthétique au regard d’une histoire des formes et des représentations.

Que son modèle soit réel ou imaginaire, livresque ou pictural, qu’elle soit en vers, en prose, ou rêvée comme la résolution de ce clivage commun, la figure de Salomé, hante les créateurs du XIXe comme du XXe siècle.

Grand spécialiste de Mallarmé, il en est l’éditeur en pléiade. Il a publié chez Corti : La Religion de Mallarmé (1988) ainsi que sa thèse sur le poète, aujourd’hui épuisée.