Éditions Corti

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Poèmes choisis

Algernon Charles Swinburne | Domaine Romantique (2017)
Traduit par Pascal Aquien

C’est à un scandale que le poète anglais Swinburne (1837-1909) doit sa réputation : celui de la publication en 1866 de Poèmes et Ballades, dont les censeurs victoriens se plurent à exagérer, et partant à dénoncer, le paganisme, les excès blasphématoires et les débordements éroticopervers: “la critique se fâcha”, remarqua Maupassant, “la critique anglaise, étroite, haineuse dans sa pudeur de vieille méthodiste qui veut des jupes à la nudité des images et des vers, comme on en pourrait vouloir aux jambes de bois des chaises”.

À cette date, cependant, Swinburne était un poète déjà célèbre – Atalante à Calydon avait connu un grand succès l’année précédente –, mais l’esprit et la lettre de Poèmes et Ballades devaient, jusqu’à la fin de sa carrière poétique et même au-delà, associer le nom de Swinburne au décadentisme esthétique et chatoyant en vogue dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle.

Pascal Aquien



(Nouvelle édition entièrement revue)



Extrait de Les Accents incantatoires de Swinburne par Patrick Kéchichian, Le Monde, 19 octobre 1990. Certaines œuvres du passé semblent demander au temps une décantation qui laissera retomber ce qui doit l’être et subsister la meilleure part. L’œuvre poétique d’Algernon Charles Swinburne peut sans doute être rangée dans cette catégorie. Doué d’une puissante faculté créatrice, d’une imagination fertile, le poète anglais a trouvé son inspiration et sa manière poétique dans l’art et les idées de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. De Baudelaire à Hugo, des préraphaélites aux adeptes de l’art pour l’art, il a emprunté ce qui pouvait le mieux correspondre à ses propres tendances et goûts. Au-delà des fioritures du décadentisme, des excès néo-romantiques, et de l’exploitation de son propre fond morbide et névrotique, la poésie de Swinburne résonne de magnifiques accents. On se reportera aussi aux belles analyses de Bachelard, à la fin de L’Eau et les Rêves, sur l’élément marin dans ce qu’il nomme “le complexe de Swinburne”.

Le choix de poèmes présentés et traduits par Pascal Aquien dans la “Collection Romantique”, donne à entendre la richesse thématique et l’ample voix musicale et incantatoire du poète anglais.


Elfe sulfureux, angoissé, provocateur, adorant la fustigation des vagues et celle d’un maître, panthéiste reniant les dieux, poète alliant romantisme ténébreux et visions morbides, Swinburne est l’un des auteurs maudits par le puritanisme victorien. Il possède l’incomparable don de faire écho aux murmure des vagues comme aux cris de la peur.

Claude Michel Cluny, Lire, février 1991.