Éditions Corti

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Les Carnets secrets de Blanche-Neige

Jesús del Campo | Ibériques (2007)
Traduit par Marianne Millon

Premier roman de Jesús del Campo, Les carnets secrets de Blanche Neige commencent là où finissent généralement les contes de fées, après le traditionnel : « Ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants », auquel l’espagnol préfère : « Ils vécurent heureux et mangèrent beaucoup de perdrix », comme en témoigne l’obsession du prince à déguster ce volatile. Blanche Neige a épousé le prince charmant, elle a quitté la maison de la forêt où l’avaient recueillie les sept nains… et elle arrive à l’époque contemporaine, dans un pays de contes de fées à l’existence sans cesse remise en question par le monde extérieur et où l’agitation sociale est à son comble, qui n’a plus rien à voir avec ce qu’elle connaissait et ne correspond pas non plus à ce qu’elle avait imaginé, sur fond d’amour éternel et sans nuages. On finit par interdire les contes de fées. Éperdue, elle écrit pourtant un journal où les rêves se mêlent à la réalité de son quotidien, que seule sa belle-mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, sera autorisée à lire, car la lecture lui a été prescrite par son médecin. Blanche Neige, quant à elle, écrit au contraire pour oublier les cauchemars où elle revoit sa marâtre qui lui fit tant de mal autrefois. Elle divorce du Prince Charmant et exerce différents métiers (vendeuse dans un Mc Donald’s, présentatrice d’une émission de radio) retrouvant une forme d’équilibre… jusqu’à la fin tragique du Prince Charmant.

Paru avant Les dernières volontés de Monsieur Hawkins, publié en 2005 aux éditions Corti, à l’écriture très classique qui faisait écho au XVIIIe siècle où se déroulait l’histoire, Les carnets secrets de Blanche Neige font un bond dans le temps, avec une écriture toute en longues phrases qui reflètent les états d’âme de l’héroïne malgré elle. Jesús del Campo revisite avec bonheur le mythe du bonheur éternel, avec la touche d’humour qui permet d’introduire le merveilleux dans l’époque actuelle.