Éditions Corti

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Claude Louis-Combet

Claude Louis-Combet est né à Lyon en 1932.


Philosophe, Claude Louis-Combet est traducteur d’Anaïs Nin (La Maison de l’inceste, Éditions des Femmes, 1975) et d’Otto Rank (L’Art et l’artiste, Payot, 1976), éditeur chez Jérôme Millon de textes spirituels (Abbé Boileau, Histoire des flagellants, 1986 ; Jean Maillard, Louise du Néant, 1987 ; Berbiguier de Terre-Neuve, Les Farfadets, 1990), et auteur de “mythobiographies” (Blesse, ronce noire, Corti, 1995, l'Âge de Rose, Corti, 1997) et de récits hantés par la dévoration et l’inceste (Infernaux Paluds, Flammarion, 1970 ; Miroir de Léda, Flammarion, 1971 ; Tsé-tsé, Flammarion, 1972 ; Voyage au centre de la ville, Flammarion, 1974 ; Mémoire de bouche, La Différence, 1977 ; Figures de nuit, Flammarion, 1988 ; Augias et autres infamies, Corti, 1993 ; Rapt et ravissement, Deyrolle, 1996).

Ce goût pour la sensualité trouble conduit Claude Louis-Combet à revisiter la mythologie païenne (Le Roman de Mélusine, Albin Michel, 1986 ; Le Bœuf Nabu, Lettres vives, 1992) ainsi que l’imaginaire chrétien (Marinus et Marina, Flammarion, 1979 ; Mère des croyants, Flammarion, 1983 ; Beatabeata, Flammarion, 1985 ; Le Chef de saint Denis, Dijon, Ulysse fin de siècle, 1987) et dans ses essais (L’Enfance du verbe, Flammarion, 1976 ; Du sens de l’absence, Lettres vives, 1985 ; Écrire de langue morte, Rennes, Ubacs, 1986 ; Le Péché d’écriture, Corti, 1990 ; Le Don de langue, Lettres vives, 1992 ; Miroirs du texte, Deyrolle, 1995), il cherche à retrouver cette “langue des grands fonds” qui règne “entre le nid des entrailles et l’écume de la Voie lactée”.

Chez Corti, il a notamment publié, en 1997 L’Âge de Rose, évocation de sainte Rose de Lima, en 1998, Le Petit œuvre poétique, en 1998 Le Recours au mythe, et deux autres mythobiographies, les Errances Druon, sur le saint Druon d'Artois et Bethsabée, au clair comme à l'obscur, sur les amours de Rembrandt et Hendrickje Stoffels, sa dernière maîtresse.

Un fonds Louis-Combet est en cours de constitution à l’université de Besançon.



“Louis-Combet est un des derniers écrivains de l’imaginaire, du fantasme.

Et s’il n’est pas mieux connu, c'est peut-être parce qu’il y a un certain danger à le lire. Ses récits sont en effet peuplés de créatures moites s’adonnant à divers courts-circuits sexuels et qui sont capables de s'aboucher à l’inconscient du lecteur pour y produire de doux ravages. On est happé, digéré avec patience, poussé à des extravagations inouïes ; sa lecture échauffe les esprits comme celle de Sade ou de Bataille.”

Éric Loret, Libération, 17 avril 2003.



Claude Louis-Combet par lui-même



Sans préjuger des dispositions de l’auteur au quotidien – la vie n’est souvent pour un écrivain que le reste le plus perdu de son écriture, cela que la vague des mots n’aura pu rejoindre et su rassembler –, il est possible d’affirmer que l’œuvre de Louis-Combet est optimiste. Si la déréliction est présente, elle n’est qu’un moment du parcours. Le récit qui est toujours l’histoire d’un cheminement n’accomplit son périple, cause même de son départ, que pour venir se boucler en quelque utérin séjour où, nouveau Jonas dorloté par les vagues, les fils dévorant de la Toute dévoratrice – les rôles s’échangent – peut consommer des extases – “car dévorer et être dévorée, c’est le même plaisir et la même plénitude”. "L’œuvre qui offre à son auteur un tel logis n’appartient pas au désespoir."

in L’Œuvre de chair



L'autobiographie doit se développer sur le territoire des mythes, des rêves, des fantasmes. Elle réalise, en ce sens, un projet anthropologique. Le narrateur cesse de raconter sa vie. Il s'efforce seulement de la déchiffrer dans les miroirs des songes collectifs ou individuels. C'est ce que j'ai appelé une mythobiographie.

Entretien avec Alain Poirson, France-Nouvelle, 1980.



C'est dans l'écart entre le texte qui s'écrit dans la lueur des mots et la nuit matricielle antérieure au verbe que s'apprécie, intuitivement, par une incessante approximation du désir d'être dit, la mesure du texte. “Le nécessaire échec”, in Quai Voltaire revue littéraire, N°1, 1991.



Avant qu'il y ait un narrateur, il y avait une existence : une enfance, une proche adolescence, et d'autres temps qui allaient suivre avec leur richesse de rencontres et d'expériences, – une convergence vers cet horizon chancelant de l'histoire individuelle où la vie, suspendue en latence féconde, s'inclinerait en écriture, ainsi veillant à s'accomplir.

in Le recours au Mythe, p.39.



L'homme du texte, attelé aux opérations subtiles qui visent à l'osmose de l'autobiographie, tend de plus en plus à considérer son territoire d'enfance comme cette frange ambiguë d'espace et de temps où lumière et ténèbres s'engendrent sans répit et sans mouvement, par un effet de pure émanence, chez les maîtres du clair-obscur.

“Figures, à l'orée”, in Le Nouveau Recueil, N°50, mars 1999.



Repères chronologiquesLire la biographie complète

Éléments biographiques

- Né en 1932, à Lyon. Son père meurt en 1937.L'enfant est élevé par sa grand'mère maternelle.

- Études secondaires dans des petits séminaires de missionnaires.

- En 1950, entre en religion chez les Pères du Saint-Esprit. Un an de noviciat. Deux années de philosophie à l'Abbaye Blanche à Mortain (Manche). En 1953, il rompt avec la vie religieuse. Service militaire.

- 1954-1958. Études supérieures de philosophie à la Faculté des Lettres de Lyon. Son maître intellectuel est le phénoménologue Henri MaIdiney.

- 1958-1992. Carrière d'enseignant à Besançon, d'abord comme professeur de philosophie dans un lycée, ensuite, pendant vingt-cinq ans, comme directeur d'un centre de formation d'instituteurs spécialisés pour les classes d'enfants en difficulté.

- Entre 1958 et 1964, il écrit des articles de psychopédagogie dans des revues publiées par l'École Moderne (mouvement Freinet).

- En 1970, publication de son premier roman, Infernaux Paluds (Flammarion).

- De 1972 à 1988, il publie réoulièrement romans, nouvelles et essais dans la collection "Textes" dirigée successivement par Paul Otchakowsky-Laurens, Bernard Noël, Michel Nuridsany. Publie également à Lettres Vives et chez quelques autres petits éditeurs.

- Après la disparition de la collection Textes, il entre chez Corti avec Augias et autres infamies (1993).

- En 1986, il rencontre Jérôme Millon, à Grenoble et est associé à l'aventure éditoriale de la collection Atopia dont il devient le directeur. Cette collection réédite des textes spirituels anciens, curieux et oubliés.

- L'œuvre de fiction de Claude LOUIS-COMBET se tient au confluent de l'inspiration autobiographique et de l'interrogation sur le sens des mythes gréco-latins et des légendes hagiographiques chrétiennes. Marinus et Marina (1979) marque l'irruption des thèmes de la spiritualité parmi les ressorts de l'imagination. Le Recours au mythe (1998) indique un retour à l'autobiographie enrichie par trente années de réflexion sur les mythes et sur l'expérience religieuse.

- Le travail de fiction s'accompagne d'une réflexion toujours poursuivie sur le sens de l'écriture considérée comme expérience intérieure, comme expression de l'existence. Des essais sur ce thème inépuisable sont publiés avec régularité, depuis L'Enfance du verbe (1976) jusqu'à Le péché d'écriture (1990). Des articles dans diverses revues apportent leur note de méditation sur la création littéraire. Après avoir été associé pendant toute sa durée au comité de rédaction de la revue Quai VoItaire, Claude LOUIS-COMBET collabore aujourd'hui plus particulièrement à Conférence et au Nouveau Recueil.

- L'œuvre de Claude LOUIS-COMBET a fait l'objet de deux colloques universitaires : à Lille en 1995 et à Besançon en 1998.